
1. Pourquoi et à quel âge as-tu commencé le tennis ? Depuis quand t’entraines-tu à la PM tennis Académie à Neuchâtel ?
- J’ai commencé le tennis vraiment tout jeune à l’âge de 3-4 ans je dirais. J’ai suivi mes deux grands frères qui pratiquaient déjà ce sport et je les accompagnais partout en tournoi et ça m’a donné envie d’y jouer aussi et depuis je n’ai plus jamais lâché ce sport. A la PM Académie, j’ai commencé en 2010, donc j’avais 10 ans et j’ai commencé par venir m’entrainer une à deux fois par semaine là-bas, sinon je continuais de m’entrainer dans mon club de base à la Neuveville. C’est en 2012, que j’ai commencé à venir m’entrainer à plein temps à Neuchâtel.
2. A quel moment et pourquoi as-tu décidé de te lancer dans cette vie de tennisman professionnel ? Quel rôle tes parents ont-ils joué dans ton choix de devenir joueur de tennis professionnel ?
- Vers l’âge de 15 ans, quand j’ai terminé mon école obligatoire, j’ai hésité de continuer les études et de m’entrainer à côté, mais c’est vrai que j’avais déjà pas mal de tournois internationaux prévus et je savais que ça n’allait pas être simple avec le cursus scolaire et aussi d’avoir un programme bien adapté pour le tennis. Je savais que ça allait être compliqué de devoir à chaque fois tout rattraper et à ce moment-là j’étais premier de ma catégorie d’âge en Suisse et j’avais déjà bien joué sur le circuit international junior, donc je me suis lancé là-dedans en me disant que j’allais me donner quelques années pour tout simplement progresser et tenter ma chance dans ce sport. J’ai aussi la chance d’avoir des parents sportifs qui m’ont compris et qui m’ont toujours accompagné et soutenu que ça soit financièrement, dans tous mes trajets ou dans mes choix et qui m’ont toujours laissé une certaine liberté dans ce que je voulais faire depuis tout petit, donc c’est sûr que ça aide énormément, sans eux et leur soutien ce serait impossible de faire ce que je fais aujourd’hui.
3. Quels ont été tes plus grands succès en junior sur le plan national et international ? Et tes plus grands succès sur le circuit professionnel adulte ?
- Sur le plan national, dans toutes mes catégories d’âge, j’ai toujours été dans les trois premiers suisses et je suis devenu champion suisse en M16. A l’international, j’ai représenté plusieurs fois la Suisse en compétition par équipe avec notamment la Coupe Davis junior, mais aussi les Jeux Olympiques junior. J’ai participé à 3 grands chelems junior (Open d’Australie, Wimbledon, US Open). J’ai gagné les championnats d’Europe en double et j’ai terminé 24ème mondial en M18 chez les juniors. Chez les adultes, jusqu’à maintenant ce sont mes 4 titres en simple en 15'000 $. Mes 6 titres en double, dont 1 en 25'000 $ et aussi je dirais mes 3 demi-finales en double en Challenger.
4. Quelle est la charge de travail d’une journée d’entrainement type pour toi ?
- Pendant mes périodes d’entrainement, je dirais entre 3 et 4 heures de tennis, entre 1h30 et 2h30 de condition physique et après il faut aussi compter le temps des échauffements avant les entrainements et aussi toute la partie récupération qui me prennent en tout cas 2h par jour je dirais.
5. Qu’est que ça représente pour toi une saison sur le circuit international (nbr tournois, nbr de pays, argent dépensé)
- Pour moi une saison complète c’est entre 22 et 25 tournois internationaux et à côté je joue aussi les interclubs LNA en Suisse et les championnats suisses. Pour ce qui du nombre de pays, ça varie par année mais je dirais que je voyage facilement dans 15 pays par année. Et finalement pour les coûts, si j’englobe vraiment tout donc frais d’entrainement, voyages, hôtels, matériels, staff, etc…, j’arrive environ à 70'000.- par année, ce qui est une énorme somme d’argent, c’est pour cela que je recherche constamment des sponsors pour m’aider dans mon projet sportif.
6. Comment est-ce que tu planifies une saison en ce qui concerne ta préparation ?
- Je commence déjà chaque année par un bloc d’entrainement tennis et physique et là on va vraiment travailler sur le volume d’entrainement et cette phase sera plus longue et plus intense que les autres blocs à l’année. Ça représente entre 5 et 6 semaines je dirais et c’est vraiment cette phase qui va m’aider à me sentir compétitif toute l’année. Ensuite, je dirais que j’ajoute encore environ 2 autres blocs d’entrainement à l’année qui seront plus courts, entre 2 et 3 semaines, et ceux-là vont dépendre de la planification de mes tournois, donc je n’ai pas vraiment de blocs fixes à l’année. Sur ces 2 autres blocs, on va essayer avec mes coaches de revoir certaines lacunes sur des points techniques, tactiques et aussi physiques qui me manquent pour compléter mon jeu et toujours essayer de progresser et d’avancer.
7. Avec combien de personnes travailles-tu au quotidien pour devenir meilleur ? Peux-tu également nous dire les rôles de ces personnes dans ton staff ?
- Je travaille avec 8 personnes actuellement. Il y a déjà Lionel Grossenbacher et Pablo Minutella qui sont mes entraineurs de tennis et Lionel également mon coach physique. Il y a Marco Giovannini qui est le physio chez qui je vais quand j’ai des petits soucis physiques. Il y a Fabrice Sbarro qui est statisticien, il analyse mes matches et me fait des bilans sur mes performances. Il y a Olivier Bourquin qui est nutritionniste et qui me guide sur cet aspect-là. Il y a Stefan Volery, psychologue du sport, avec qui j’échange sur le plan mental. Il y a Bertrand Théraulaz qui s’occupe de la typologie du corps et qui m’aide à mieux comprendre les mouvements et les forces de mon corps. Finalement, il y Martial Beyeler qui est mon masseur sportif. Je ne travaille pas quotidiennement avec chacun mais quand je sens que j’en ai besoin je peux compter sur eux.
8. Comment gères-tu le fait de voyager, d’être loin de la maison et des tes proches à l’année ?
- Je ne pense pas que je le vois d’une manière négative en me disant c’est dur je suis loin des mes proches, des personnes que j’aime mais je pense je le vois plus dans un sens ou je me dis que je suis privilégié et que j’ai de la chance de me lever tous les matins et de faire quelque chose que j’aime et dont je suis passionné. Après, il faut savoir que je voyage peu à l’année seul, je suis quand même souvent avec un coach (Lionel ou Pablo) et j’ai des très bonnes relations avec eux donc ça aide beaucoup aussi.
9. Quelles sont pour toi les plus grandes difficultés de la vie d’un tennisman professionnel ?
- Je dirais que c’est l’aspect mental, il faut savoir qu’environ le 98% des joueurs perdent tous chaque semaine, il y a que très peu de joueurs qui sortent vainqueurs par semaine, donc il faut toujours accepter la défaite et savoir se remettre directement au travail. Parfois ce n’est pas évident de relativiser sur une défaite et d’accepter et il faut toujours réussir à garder un certain recul sur la situation et penser à son objectif à long terme, donc je dirais que c’est vraiment cet aspect mental qui peut parfois être difficile à gérer.
10. Tu es actuellement environ 415ème ATP, quelles sont tes objectifs à court et à long terme ?
- À court terme, mon objectif est de me faire une place dans les catégories de tournois Challenger. A moyen terme d’ici 2024, c’est d’accéder aux qualifications de grands chelems. Et à long terme, c’est d’entrer dans les tableaux principaux de grands chelems, d’entrer dans le top 100 et de vivre du tennis.
11. Tu donnerais quels conseils à un jeune de 12 ans qui rêve de suivre le parcours de tennisman professionnel ?
- Ça va peut-être sembler banal comme réponse, mais je dirais de toujours garder le plaisir et de réussir à se dire qu’au final le tennis ça reste un sport et un jeu. Parfois, personnellement je vois ça comme un travail et j’oublie le côté fun du tennis et ça peut mettre un stress supplémentaire donc je dirais de vraiment réussir à toujours voir le tennis comme une activité fun, et si tu le vois comme ça tu auras toujours un maximum de plaisir et tu voudras toujours revenir pour t’améliorer et progresser et tu ne verras pas l’entrainement comme un sacrifice à faire mais plus comme du plaisir. Après il y a toujours les aspects de croire en soi, s’entourer des bonnes personnes, avoir le soutien de ses proches qui sont très importants et surtout de travailler dur et rigoureusement au quotidien parce que sans travail tu vas nulle part.
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